La Nature au Féminin Mérian - Villepreux
Lieu: La Maison de l'Arbre - Arborétum - 19370 Chamberet | Ville: Chamberet, France
Maria Sibylla MERIAN :
curieuse, courageuse et tenace
Maria Sibylla MERIAN nait à Francfort en 1647 (le siècle de Louis XIV!). Son père est graveur et
éditeur, mais meurt quand elle a 3 ans. Sa mère se remarie avec un peintre de fleurs qui devient
le premier formateur de Maria et lui enseigne aussi les difficultés du commerce de l’art. Toute sa
vie elle poursuivra son travail d’artiste et réalise des planches exceptionnelles et magnifiques de
plantes et… d’insectes.
Dès l’enfance en effet, avec une constance qui jamais ne se dément, elle observe les insectes à
rebours du dégoût qu’ils inspiraient alors- on les croyait nés de la pourriture. A 13 ans, elle
s’enthousiasme à l’observation du ver à soie, le bombyx du murier et généralisera cette observation
en cherchant systématiquement le lien entre un insecte et une plante hôte : ainsi elle fait oeuvre
scientifique et elle est considérée à l’heure actuelle comme la «Mère de l΄écologie». Cette relation
plante-insecte est en effet la première observation de ce qui est aujourd’hui devenu l’écosystème,
c’est-à-dire la compréhension que les êtres vivants sont en interaction permanente avec leur milieu
et les autres êtres. Ses descriptions de la métamorphose des insectes de l’oeuf à l’adulte sont, à son
époque, une observation encore très originale et remarquable.
Mariée à 18 ans à un peintre, elle gagne sa vie en enseignant le dessin, la peinture et la broderie. Elle
a rapidement deux filles. En 1685, à presque 40 ans, elle quitte son mari et rejoint avec ses enfants
et sa mère une communauté protestante qui la protège un temps de la colère de celui-ci. Plus tard,
poursuivant toujours son propre chemin d’artiste et de naturaliste curieuse, elle part à Amsterdam
où elle continue ses recherches.
Et la voilà qui devient femme d’affaires et aventurière! Elle finance en effet une expédition à l’autre
bout du monde en obtenant un prêt pour chercher d’autres papillons producteurs de soie. À 52 ans,
accompagnée de sa plus jeune fille, première femme à se lancer seule à travers les mers, elle rejoint
la Guyane hollandaise : le Suriname, avec un point d’attache dans une communauté religieuse. Elle
y reste deux ans et revient, atteinte du paludisme, avec sa fille et une jeune indienne, Indiana, qui lui
apprend les secrets médicinaux et tinctoriaux des plantes.
Elle rapporte une incroyable et exceptionnelle moisson d’observations, de dessins et d’aquarelles,
ainsi que des spécimens de plantes et d’animaux. Quelques années plus tard elle peut rembourser
son prêt en publiant, en latin et hollandais ce qui sera son oeuvre majeure : «Métamorphose des
insectes du Surinam», oeuvre qui aura un retentissement très important et qui établira sa renommée
de Peintre-Graveur et de « savante ». Linné reconnaitra sa valeur en utilisant ses planches pour la
détermination de certaines plantes. Quand elle meurt à Amsterdam en 1717, à 70 ans, l’empereur de
Russie fait acheter son portrait et certaines de ses oeuvres originales…
Femme libre, tenace et immense artiste, elle a mené sa vie, dans une époque difficile, avec
une détermination jamais entamée. Depuis les années 1980 elle est de nouveau reconnue et
honorée, d’abord en Allemagne et en Hollande, en Angleterre, en Russie et aux USA, pour
la très grande dame qu’elle est.
(On peut consulter avec grand profit la belle bande dessinée que Yannick Lelardoux lui a récemment
consacrée -aux éditions «Naïve»-).
Jeanne VILLEPREUX-POWER :
l’étonnante
Mille choses peuvent fasciner dans la vie toujours surprenante de Jeanne Villepreux-Power, mais la
plus importante peut-être est qu’elle ressemble à une incroyable histoire et que notre imagination
s’y laisse prendre comme à un conte de fée, pourtant bien réel.
Elle nait en 1794 et meurt en 1871 à Juillac en Corrèze. Rien de plus simple! Mais entre ces deux
dates une vie d’une rare richesse qu’elle a accueillie et construite, tant elle a su modifier son destin
en acceptant et transformant les hasards de l’existence. Fille de cordonnier, elle monte, comme on
dit, à Paris, à pied, pour y travailler, comme beaucoup de jeunes femmes de la campagne. Agressée
pendant le voyage, elle doit interrompre sa route et reste quelque temps à Orléans en attendant le
visa de voyage nécessaire à l’époque. Là, probablement, elle apprendra à broder. Première rupture
du destin.
Parvenue enfin à Paris, elle trouve une place dans une maison de broderie où ses qualités la font
devenir une des meilleures employées. C’est aussi pendant ce temps qu’elle perfectionne son
écriture et sa langue au contact de toutes ces jeunes ouvrières de la mode que leurs métiers fait
fréquenter «l’autre» monde. Mais, seconde rupture du destin, elle ne restera pas une midinette : elle
brode merveilleusement la robe de mariée d’une princesse italienne qui épouse le duc de Berry. La
robe est exposée et - conte de fée- un jeune lord irlandais, James Power, probablement venu à Paris
dans l’entourage de la princesse (il travaille à Messine) admire la robe, voit la brodeuse et en devient
amoureux au point de l’épouser deux ans plus tard à Messine.
Troisième rupture de destin : elle aurait pu devenir «seulement» Mme Power, belle et cultivée, femme
de commerçant aisé, fréquentant la bonne société de Sicile. Non! Elle apprend plusieurs langues
étrangères, exerce sa curiosité immense et sa grande intelligence et devient une très grande
naturaliste et une artiste. Rien dans son histoire ne pouvait laisser deviner qu’elle deviendrait une
scientifique reconnue, reçue dans 16 Académies des Sciences en Europe, admirée pour ses travaux
dont l’originalité s’inscrit dans les recherches qui foisonnent au début du 19ème siècle : Pour observer
les animaux marins vivants (poissons et coquillages) dans leurs comportements - curiosité encore
très inhabituelle alors, elle invente les aquariums et ouvre ainsi la voie à des recherches qui
vont se développer ensuite dans les stations maritimes. Elle écrit en outre un Guide de la Sicile, si
complet et pertinent qu’on peut encore l’utiliser de nos jours.
Mais le destin a aussi ses revers : rentrant à Londres avec son mari, elle va perdre dans le naufrage
du bateau qui les transportait toutes ses collections naturalistes et beaucoup de ses travaux, tout le
fruit de ses recherches. Toujours active et curieuse, elle ne continuera cependant plus de recherche
de terrain, et publiera tard ses Observations et expériences physiques sur plusieurs animaux marins
et terrestres, Paris, chez Mourgues, en1860. Personnage de la bonne société, elle vivra à Londres et
à Paris et ne reviendra dans son village natal qu’à la toute fin de sa vie, au moment de la guerre de
1870...
Peu à peu son nom sera oublié, malgré la reconnaissance et les efforts de quelques scientifiques,
jusqu’à ce que d’autres passionnés la redécouvrent il y a quelques années et se donnent pour tâche
de réhabiliter la mémoire de cette femme exceptionnelle.
Étonnante, merveilleuse, improbable Jeanne VILLEPREUX-POWER.
J.Paul Gademer
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- Du 1 juillet 2017 10:00 au 31 août 2017 18:00
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