La Nature au Féminin Mérian - Villepreux

Expositions
Dernière date: 31 août 2017 10:00 - 18:00

Lieu: La Maison de l'Arbre - Arborétum - 19370 Chamberet  |  Ville: Chamberet, France

Maria Sibylla MERIAN :

curieuse, courageuse et tenace

Maria Sibylla MERIAN nait à Francfort en 1647 (le siècle de Louis XIV!). Son père est graveur et

éditeur, mais meurt quand elle a 3 ans. Sa mère se remarie avec un peintre de fleurs qui devient

le premier formateur de Maria et lui enseigne aussi les difficultés du commerce de l’art. Toute sa

vie elle poursuivra son travail d’artiste et réalise des planches exceptionnelles et magnifiques de

plantes et… d’insectes.

Dès l’enfance en effet, avec une constance qui jamais ne se dément, elle observe les insectes à

rebours du dégoût qu’ils inspiraient alors- on les croyait nés de la pourriture. A 13 ans, elle

s’enthousiasme à l’observation du ver à soie, le bombyx du murier et généralisera cette observation

en cherchant systématiquement le lien entre un insecte et une plante hôte : ainsi elle fait oeuvre

scientifique et elle est considérée à l’heure actuelle comme la «Mère de l΄écologie». Cette relation

plante-insecte est en effet la première observation de ce qui est aujourd’hui devenu l’écosystème,

c’est-à-dire la compréhension que les êtres vivants sont en interaction permanente avec leur milieu

et les autres êtres. Ses descriptions de la métamorphose des insectes de l’oeuf à l’adulte sont, à son

époque, une observation encore très originale et remarquable.

Mariée à 18 ans à un peintre, elle gagne sa vie en enseignant le dessin, la peinture et la broderie. Elle

a rapidement deux filles. En 1685, à presque 40 ans, elle quitte son mari et rejoint avec ses enfants

et sa mère une communauté protestante qui la protège un temps de la colère de celui-ci. Plus tard,

poursuivant toujours son propre chemin d’artiste et de naturaliste curieuse, elle part à Amsterdam

où elle continue ses recherches.

Et la voilà qui devient femme d’affaires et aventurière! Elle finance en effet une expédition à l’autre

bout du monde en obtenant un prêt pour chercher d’autres papillons producteurs de soie. À 52 ans,

accompagnée de sa plus jeune fille, première femme à se lancer seule à travers les mers, elle rejoint

la Guyane hollandaise : le Suriname, avec un point d’attache dans une communauté religieuse. Elle

y reste deux ans et revient, atteinte du paludisme, avec sa fille et une jeune indienne, Indiana, qui lui

apprend les secrets médicinaux et tinctoriaux des plantes.

Elle rapporte une incroyable et exceptionnelle moisson d’observations, de dessins et d’aquarelles,

ainsi que des spécimens de plantes et d’animaux. Quelques années plus tard elle peut rembourser

son prêt en publiant, en latin et hollandais ce qui sera son oeuvre majeure : «Métamorphose des

insectes du Surinam», oeuvre qui aura un retentissement très important et qui établira sa renommée

de Peintre-Graveur et de « savante ». Linné reconnaitra sa valeur en utilisant ses planches pour la

détermination de certaines plantes. Quand elle meurt à Amsterdam en 1717, à 70 ans, l’empereur de

Russie fait acheter son portrait et certaines de ses oeuvres originales…

Femme libre, tenace et immense artiste, elle a mené sa vie, dans une époque difficile, avec

une détermination jamais entamée. Depuis les années 1980 elle est de nouveau reconnue et

honorée, d’abord en Allemagne et en Hollande, en Angleterre, en Russie et aux USA, pour

la très grande dame qu’elle est.

(On peut consulter avec grand profit la belle bande dessinée que Yannick Lelardoux lui a récemment

consacrée -aux éditions «Naïve»-).

 

Jeanne VILLEPREUX-POWER :

l’étonnante

Mille choses peuvent fasciner dans la vie toujours surprenante de Jeanne Villepreux-Power, mais la

plus importante peut-être est qu’elle ressemble à une incroyable histoire et que notre imagination

s’y laisse prendre comme à un conte de fée, pourtant bien réel.

Elle nait en 1794 et meurt en 1871 à Juillac en Corrèze. Rien de plus simple! Mais entre ces deux

dates une vie d’une rare richesse qu’elle a accueillie et construite, tant elle a su modifier son destin

en acceptant et transformant les hasards de l’existence. Fille de cordonnier, elle monte, comme on

dit, à Paris, à pied, pour y travailler, comme beaucoup de jeunes femmes de la campagne. Agressée

pendant le voyage, elle doit interrompre sa route et reste quelque temps à Orléans en attendant le

visa de voyage nécessaire à l’époque. Là, probablement, elle apprendra à broder. Première rupture

du destin.

Parvenue enfin à Paris, elle trouve une place dans une maison de broderie où ses qualités la font

devenir une des meilleures employées. C’est aussi pendant ce temps qu’elle perfectionne son

écriture et sa langue au contact de toutes ces jeunes ouvrières de la mode que leurs métiers fait

fréquenter «l’autre» monde. Mais, seconde rupture du destin, elle ne restera pas une midinette : elle

brode merveilleusement la robe de mariée d’une princesse italienne qui épouse le duc de Berry. La

robe est exposée et - conte de fée- un jeune lord irlandais, James Power, probablement venu à Paris

dans l’entourage de la princesse (il travaille à Messine) admire la robe, voit la brodeuse et en devient

amoureux au point de l’épouser deux ans plus tard à Messine.

Troisième rupture de destin : elle aurait pu devenir «seulement» Mme Power, belle et cultivée, femme

de commerçant aisé, fréquentant la bonne société de Sicile. Non! Elle apprend plusieurs langues

étrangères, exerce sa curiosité immense et sa grande intelligence et devient une très grande

naturaliste et une artiste. Rien dans son histoire ne pouvait laisser deviner qu’elle deviendrait une

scientifique reconnue, reçue dans 16 Académies des Sciences en Europe, admirée pour ses travaux

dont l’originalité s’inscrit dans les recherches qui foisonnent au début du 19ème siècle : Pour observer

les animaux marins vivants (poissons et coquillages) dans leurs comportements - curiosité encore

très inhabituelle alors, elle invente les aquariums et ouvre ainsi la voie à des recherches qui

vont se développer ensuite dans les stations maritimes. Elle écrit en outre un Guide de la Sicile, si

complet et pertinent qu’on peut encore l’utiliser de nos jours.

Mais le destin a aussi ses revers : rentrant à Londres avec son mari, elle va perdre dans le naufrage

du bateau qui les transportait toutes ses collections naturalistes et beaucoup de ses travaux, tout le

fruit de ses recherches. Toujours active et curieuse, elle ne continuera cependant plus de recherche

de terrain, et publiera tard ses Observations et expériences physiques sur plusieurs animaux marins

et terrestres, Paris, chez Mourgues, en1860. Personnage de la bonne société, elle vivra à Londres et

à Paris et ne reviendra dans son village natal qu’à la toute fin de sa vie, au moment de la guerre de

1870...

Peu à peu son nom sera oublié, malgré la reconnaissance et les efforts de quelques scientifiques,

jusqu’à ce que d’autres passionnés la redécouvrent il y a quelques années et se donnent pour tâche

de réhabiliter la mémoire de cette femme exceptionnelle.

Étonnante, merveilleuse, improbable Jeanne VILLEPREUX-POWER.

J.Paul Gademer

 

Téléphone
05 55 97 92 14
Adresse
Maison de l'Arbre et de la Nature

 

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  • Du 1 juillet 2017 10:00 au 31 août 2017 18:00
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